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Ce jeudi à 17h, je n’étais pas à l’Assemblée nationale. J’étais en route vers Madrid où j’allais assister à la remise des Prix à l’esprit d’entreprise de la Chambre de Commerce Franco-Espagnole, sous la houlette de sa nouvelle équipe dirigeante. Je n’étais donc pas au Palais Bourbon pour entendre en direct un collègue député interpeler un autre collègue pour suggérer un « retour en Afrique ». J’ai donc été un simple témoin – comme vous tous – de l’évolution de la polémique : le député RN s’était-il adressé individuellement au collègue député (noir), ou bien aux migrants que ce collègue mentionnait à ce moment-là ? Mais que l’interpellation soit individuelle ou collective, cela change-t-il quelque chose ?

Plus tôt cette semaine il se trouve que j’avais déjà indiqué, notamment ici, que le simple fait d’être député n’autorise pas tout. Bien sûr, chaque Français, et chaque député, a le droit d’avoir son opinion sur les bassines de rétention d’eau dans les Deux-Sèvres, et sur la gestion des migrants qui se trouvent à bord du navire Ocean Viking. Ces opinions peuvent faire l’objet de débats, et doivent s’exprimer in fine par le vote, à l’urne et dans l´hémicycle, afin de déterminer l’action du gouvernement.

Mais l’écharpe tricolore de député n’est pas un passe-droit : ni pour prendre la tête d’un affrontement entre des manifestants-casseurs et la police, ni bien sûr pour tenir un discours ouvertement xénophobe au sein de l’Assemblée nationale. Et pourtant, cette semaine, des collègues se sont cru tout permis pour le simple fait d’être « élus de la nation ». Pire, ils instrumentalisent sciemment leur mandat pour radicaliser le débat, et tenter d’homologuer des attitudes répréhensibles. Cela n’aboutit qu’à une chose : hystériser le débat public. Cela amènera sans doute toujours plus de Français à choisir les extrêmes dans les urnes, et c’est bien là leur stratégie.

Le problème avec ces attitudes est que cette nouvelle Assemblée nationale passe plus de temps à rebondir d’une polémique à l’autre qu’à traiter sérieusement les problèmes des Français. Ainsi, plutôt que débattre du budget de la nation cette semaine, nous avons navigué entre 49.3, motions de censure, et vote collectif pour décider de la sanction contre le député RN.

Heureusement, notre travail de député ne se limite pas à ce qui se passe devant les caméras de télévision dans l’hémicycle. Cette semaine, loin des projecteurs, j’ai travaillé mon rapport sur la mise en œuvre de la loi assurance-emprunteur, j’ai organisé le Forum de l’enseignement français à Madrid Norte, j’ai préparé ma prochaine réunion avec le directeur de l’AEFE, j’ai participé à une table ronde sur les pratiques agricoles au sein de ma commission, etc.

Mais que retiendrez-vous de l’activité de l’Assemblée cette semaine ? Des polémiques, dont le seul intérêt est finalement qu’elles reflètent assez fidèlement les névroses actuelles de notre pays. J’espère que nous allons rapidement tourner cette page, que tous mes collègues, même ceux des extrêmes, choisiront de travailler sérieusement sur les textes essentiels qui arrivent : les Énergies Renouvelables, l’Immigration, la Réforme des Retraites. Si ce travail est effectivement impossible, alors tôt ou tard nous retournerons aux urnes, et les Français décideront en connaissance de cause.

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