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Pourquoi je suis contre l’imposition universelle défendue par Jean-Luc Mélenchon et la LFI

L’exil fiscal, évidemment, on ne peut être que contre. Quitter un pays pour la seule et unique raison de bénéficier d’un régime d’imposition plus favorable dans un pays tiers n’est pas moralement acceptable. En revanche, caricaturer les Français de l’étranger comme ayant nécessairement choisi l’exil pour des raisons fiscales est tout aussi moralement inacceptable. Car les 3 millions de Français de l’étranger choisissent dans leur immense majorité l’expatriation pour de bonnes et belles raisons : saisir une opportunité professionnelle, vivre (ou faire vivre à sa famille) une expérience unique, répondre à une envie d’ailleurs, suivre l’amour… Par ailleurs, il faut rappeler que les Français de l’étranger payent chaque année des centaines de millions d’euro d’impôts à la France (sur leurs revenus – notamment fonciers – générés en France, sur leurs successions, etc) et que pourtant ils n’ont pas accès à la sécurité sociale française et doivent notamment payer 7.000 euros par an en moyenne pour scolariser leur enfant dans un lycée français de l’étranger.

Et pourtant, chaque année, lors de chaque exercice budgétaire, Jean-Luc Mélenchon et la LFI tentent de faire rentrer dans le droit français l’imposition universelle – le fait que l’administration fiscale demande chaque année à chaque Français de l’étranger de « rembourser » à la France la différence entre les impôts payés par ce contribuable dans son pays hôte, et ceux qu’il aurait payé si il était résident fiscal en France (et bien sûr cela ne s’appliquerait qu’aux pays où les taux d’imposition sont inférieurs aux taux français).

Je suis absolument contre ce principe car, afin de « rattraper avec la note » quelques milliers de millionaires et milliardaires, on pénaliserait l’ensemble des Français qui vivent et travaillent dans des pays où les impôts sont plus bas qu’en France (ce qui représente, avouons-le, la majorité des pays du Monde). On les pénaliserait car, soumis à cette double imposition, ces Français se retrouveraient sur un marché du travail où, à salaire brut équivalent, l’équivalent en salaire net serait inférieur pour le travailleur français au net perçu par tout autre travailleur en concurrence avec lui pour le même emploi. Bref, le même emploi avec le même salaire brut deviendrait soudain plus attractif pour tous les autres chercheurs d’emploi, laissant le Français isolé dans une « seconde classe ». Bref, soudain hors-jeu sur son marché local de l’emploi.

Sans parler des tracasseries administratives, des fermetures de comptes imposées par les banques étrangères enquiquinées par les obligations d’information, etc etc. Jean-Luc Mélenchon me répondrait: « Oui, mais les États-Unis le font bien ». Ce à quoi je répondrais « Certes Jean-Luc, mais le taux d’imposition aux États-Unis est en moyenne de 33 % et au maximum de 39,6 %, largement inférieur aux taux français. Et chaque année des milliers d’Américains, expatriés durablement dans un pays tiers, renoncent à leur passeport américain afin d’échapper à cette règle handicapante ».

Est-ce là l’objectif de la France insoumise? Se débarrasser pour de bon de ces « mauvais Français » que sont les expatriés?

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